Vendredi soir à la brasserie Le Sully de Gouzon, on a parlé circuits courts avec plus d’une vingtaine de personnes venues débattre.
Dans l’idéal, du jardin (au panier) à l’assiette
« Ce que je ne trouve pas au jardin, je le prends au marché ! ». Nicole a la chance de cultiver son petit potager à Jarnages qui lui donne « des légumes frais de saison ». Et lorsque la récolte est trop maigre, elle sort au marché le dimanche pour y prendre ce qui ne pousse pas dans son jardin, « du poisson », « du fromage » et les « légumes et fruits » qui lui manquent.
Un circuit de la terre à l’assiette quasi-idéal que l’on envierait tous. Mais quand on n’a ni jardin ni main verte, et que l’on veut manger sain et local, il reste d’autres alternatives heureuses. Marie-José a trouvé l’astuce : elle a choisi de se faire livrer un panier hebdomadaire de légumes bio en adhérant aux Jardins associatifs de Saintary. Situé à Parsac-Rimondeix, à peine à une dizaine de kilomètres de Gouzon, ce chantier d’insertion maraîcher fournit 160 familles adhérentes en Creuse grâce à un réseau de points de dépôts où sont livrés chaque semaine leurs paniers. Marie-José se fait livrer à Gouzon et elle est ravie de découvrir chaque semaine des légumes différents. Pour compléter sa liste de course, elle va au Pré creusois, nouvelle petite boutique de producteurs locaux qui a ouvert cet été et au marché, le mardi. Un marché qui manque cruellement de produits locaux, regrette cette Gouzonnaise, avec un seul primeur du cru recensé. Et surtout « de fruits ».
Mikaël Georget, directeur des Jardins de Saintary a déjà remarqué cette carence : « On nous demande souvent des fruits qu’on a du mal à trouver localement. On a quelques pommes qu’on transforme en jus parce que c’est compliqué de faire des fruits à croquer mais on a des pistes, on a repris un petit verger. »
Et pourquoi pas plus de commerces qui proposent des produits locaux ou de la vente directe ?
La petite enseigne qui a éclos sur la place de l’église de Gouzon est arrivée à point. « On a voulu ouvrir ce magasin ici pour pouvoir offrir une plus grande palette de produits locaux aux habitants, il y a une demande de plus en plus forte par rapport à ça », explique Aïda Massot, co-créatrice d’Au pré creusois et du drive de Boussac (Je me régale local) et elle-même productrice de plantes médicinales.
On y trouve de la viande (poulet, bœuf, porc, volaille, agneau), des légumes, tisanes, vins locaux et jus de fruits, confitures et miels, produits laitiers. Que des produits 100 % creusois, qu’ils viennent de Gouzon, des alentours proches ou plus éloignés. « On est aussi dans un village étape, ça permet de valoriser ces produits auprès des touristes de passage et de leur faire découvrir toutes les productions qui peuvent exister en Creuse », ajoute Aïda Massot.
Les circuits courts s’invitent dans le Plan particulier pour la Creuse
Le Plan particulier pour la Creuse entend donner la part belle aux circuits de proximité. « Les élus se sont rendu compte qu’il y avait beaucoup de démarches, des productions qui pouvaient répondre à des offres de restauration collective massives, d’autres qui n’étaient pas du tout représentés parce que les filières n’existent pas et que d’un autre côté, cette offre et la demande des cantines, des Ehpad, sont en déséquilibre et ne sont pas coordonnés, explique Béatrice Boudard, directrice de cabinet de Valérie Simonet, qui s’est joint au débat. « On va essayer, avec les services de l’État, les chambres consulaires, de monter un projet alimentaire territorial à l’échelle départementale pour essayer que cette offre et cette demande se rencontrent et se coordonnent. Partout, on a des initiatives qui ont un petit bout mais pas le restant de la chaîne, on va essayer de les aider. »